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CIP CIP CIP

Phonétique

[čip čip čip]

CEALERA, C. ; UNGUREANU, O. ; CIUBOTARU, A. ; BUTURUGA, Ş. ; BUTURUGĂ, B. (2022), Istorii pontice în benzi desenate. Tomis, Constanța : Muzeul de Istorie Națională şi Arheologie, page 21, planche 1, registre 2, case 1.

Comment citer cette fiche

BARLEA, R. , (3 avril 2025), "CIP CIP CIP", in OTPS, onomatopées traduction plurilingue surbmorphologie, CAER, Aix-Marseille Université : en ligne :https://otps.univ-amu.fr/onomatopees/cip-cip-cip/

Rédaction

Roxana BARLEA

Autres rédacteurs

    • Modifié le : 03/04/2025 à 12:09
      par : Sophie Saffi
      Rédacteur/trice : Roxana BARLEA
    • Modifié le : 03/04/2025 à 11:57
      par : Sophie Saffi
      Rédacteur/trice :

    Onomatopée de chant d’oiseau

    Variations de structures

    Onomatopée triple.
    Dans les dictionnaires roumains il y a une autre forme, cip cirip, qui est à l’origine, à notre avis, de l’onomatopée analysée ici.

    Equivalents dans OTPS

    Equivalents

    Etymologie

    Le terme ne peut pas être associé à l’onomatopée lexicalisée cirip « imitant le son caractéristique des oiseaux » (DLR, MDA2, DLRLC [« et surtout des oisillons »]).

    L’item a parcouru un long chemin depuis la forme originale cirip, jusqu’à la forme utilisée dans cette BD, cip cip cip.

    Dans la forme sélectionnée pour notre corpus et avec son sens, cip n’a pas une longue histoire. Le Dictionnaire thésaurus de la langue roumaine (DLR) contient un article homonyme cip!, qui imiterait le bruit de l’eau frappée avec la main, avec les rames du bateau, etc. Les exemples les plus anciens remontent au XIXe siècle, et aujourd’hui cet emploi de l’onomatopée en question est déjà perçu comme un archaïsme, étant remplacé par d’autres lexèmes (lip, pleosc, etc.).
    L’item standardisé dans l’outil lexicographique est cirip!, glosé comme « interjection imitant le gazouillis des oiseaux, notamment des poules » (DLR, s.v.). Le lexème interjectionnel a aussi des dérivés lexicaux nominaux (ciripit) et verbaux (a ciripi), et le verbe a ses correspondants dans les langues de l’aréal slavo-balkanique. Ce cirip, à partir duquel nous pensons que cip a été formé, a un parcours étymologique plus riche, cf. le tsirip roman (ML, REW, 9625 ; Leo Spitzer, DR III, 648). Des équivalences possibles dans des langues non latines sont également signalées, cf. verbes dérivés slv. čirikatĭ, magh. csiripelni, Germ. zirpen (avec le référent « grillon »), cf. aussi le nom rromani (rrom.) ciriklo « oiseau », apud Cihac, II 491.

    Nous considérons que dans le cas de cip nous avons affaire à une étymologie récente, une réduction de l’onomatopée normalisée par syncope : cirip > cip. Le changement phonétique a été conditionné, en diachronie, par la succession de phonèmes proches en valeur -ir et -ip, sur le fond du principe d’économie de la parole. Le changement a donné la forme cip, récemment enregistré dans certains textes littéraires, BD, etc., comme onomatopée pour le cri/chant des petits oiseaux – moineaux, hirondelles – ou celui des oisillons.
    Dans les dictionnaires modernes cette onomatopée n’a pas non plus obtenu d’entrée distincte. Elle n’y apparaît que comme composant de l’item cip-cirip « interjection imitant le bruit des oiseaux » (RMB), cf. le Dictionnaire explicatif (DEX, mais seulement depuis la deuxième édition de 2009 et dans la version Dexonline), cf. aussi DOOM (seulement dans les éditions récentes, 2005/2021).
    Il existe des plateformes en ligne, des sites web, des chaînes éducatives consacrées aux chansons et au développement de la parole chez les enfants d’âge préscolaire et primaire, ainsi que certains titres de livres pour les mêmes âges, qui utilisent l’élément cip de la manière suivante : Cip-cirip, cântece și desene pentru copii (youtube.com/@cip-cirip) ; Cip-cirip, cântece și desene animate pentru copii ; la chaine YT Cip-cirip, cântece pentru copii de grădiniță.

    Submorphologie

    SENS PREMIER DES PHONÈMES employés dans l’onomatopée

    L’item cip s’inscrit phonologiquement dans le schéma ternaire “consonne occlusive-voyelle-consonne occlusive” établi par Oswalt (1994).
    • La semi-occlusive prépalatale (affriquée) [č] est assez forte pour traverser un espace ouvert. Malgré le fait que, de point de vue structurel, il s’agit d’une consonne constrictive, ce qui signifie que l’air est expulsé par un canal étroit, č est un son continu, énergique, portant en lui l’empreinte subliminale de l’allégresse accompagnée d’un son qui marque le bien-être. Trois facteurs contribuent au dépassement du seuil externe de l’appareil vocal – avec la manifestation de l’émetteur.
    1) Le son č est, en fait, une juxtaposition de deux sons primaires, t et š, qui ont partiellement perdu leurs propres caractéristiques par « accommodage réciproque » (Rosetti-Lăzăroiu, 1982 : 76-77) ; plus précisément, t devient moins occlusif, tout en restant une consonne explosive, et s devient moins aspiré, tout en conservant son caractère prépalatal. Comme il est d’usage dans la coarticulation, le premier son reste incomplètement prononcé dans sa partie finale, et le second modifie sa partie initiale, car il est affecté par l’explosion du premier. Le résultat en est double : une accentuation de la sonorité et une prolongation du son, dues au mouvement complexe du muscle lingual, qui touche le voile palatin de la bouche avec sa pointe et les alvéoles des dents supérieures – également très proches des dents inférieures – avec sa face dorsale. Ces deux effets vont au-delà des caractéristiques définissant le système consonantique en général, constituant ce que l’on pourrait appeler, en termes de submorphologie, un marqueur sous-jacent de nature phonosémantique. Nous l’appellerions « un micro-avertissement acoustique d’une explosion latente ». Et ce dernier se manifeste de manière dynamique-auditive, comme l’expression d’un état intérieur de nature psychologique et physiologique.
    Le son hybride [č], qui provient donc de [t] + [š], ne peut être créé en roumain qu’en combinant c [k] avec l’une des voyelles e ou i. Il faut donc chercher la sous-unité formelle et conceptuelle de la première séquence du morphème cip, syllabe dotée de sens imitatif minimal, dans le deuxième son de la structure en question.
    2) La voyelle i est, d’un point de vue formel, le deuxième son de l’item čip, celui qui imprime la valeur fonctionnelle fondamentale de l’onomatopée que nous analysons ici. Le son a une force immanente perçue comme un signe de bien-être et de sérénité juvénile. Ce i apparaît souvent en roumain sous forme prolongé [Iiiii !] dans les cris de joie des enfants (et, assez souvent, des adultes qui s’amusent « comme des enfants »). Il apparaît également dans l’onomatopée roumaine [piu, piu], utilisée pour les oisillons en général. Il serait peut-être intéressant de mentionner que tant les noms et les verbes formés à partir de ces deux onomatopées, provenant de la même sphère d’émetteurs, à savoir chiuitul et piuitul / a chiui (fr. crier de joie) et a piui (fr. piailler) (u et l, dans les noms, sont la voyelle de liaison, respectivement l’article défini postposé, correspondant à l’, le en français) contiennent le i dans deux positions chacun. Pour revenir à i de cip, nous notons que l’onomatopée en question est attribuée, comme l’onomatopée normalisée, cip-cirip, aux petits oiseaux ou aux oisillons. Ce sont les sons émis par les moineaux et les hirondelles ou par leurs petits, et, éventuellement, par d’autres petits oiseaux. (Sinon, par exemple, pour les corbeaux on utilise crau! [krow], etc.
    3) La consonne p – une bilabiale occlusive, complète le morphème [čip] dans sa structure (contradictoire), de son explosif, mais en version sourde. L’émission d’air, commencée par č et prolongée par i, est arrêtée complétement, pour un instant, en serrant les lèvres, puis en les relâchant brusquement, en ouvrant la bouche. La tension accumulée est soudainement relâchée, de sorte que le processus peut recommencer, dans sa pleine manifestation, avec un deuxième et un troisième complexe sonore – car le premier n’apparaît jamais seul : il est soit cip-cip-cip, soit cip-cirip, qui comporte donc toujours trois syllabes.
    Ce p imprime un arrêt ponctuel de l’élan de grande joie, seulement le temps nécessaire pour un deuxième et un troisième signal sonore envoyé vers les espaces ouverts. Même tel que reformulé par l’auteur de cette BD, cip exprime l’envol des oiseux délicats dans l’espace de liberté, la joie d’exister dans un micro-univers dont les émetteurs ne voient que chaleur et lumière protectrice.

    PRONONCIATION DES PHONÈMES employés dans l’onomatopée

    Le graphème i a un double rôle : a) il n’est qu’une lettre « d’appui », sans valeur phonétique ; montrant que c [k] devient č ; b) ici, il est aussi un son à part entière – la voyelle [i], sonore syllabique, portant même l’accent sur elle.

    • La consonne č, notée aussi ts/tš est une semi-occlusive (affriquée) avec un caractère spécial en roumain, comme dans d’autres langues romanes, par exemple, en italien. Il s’agit d’une combinaison : c + i ou c + e > ci, ce. La réunion des deux sons est basée sur une articulation plus faible de chacun d’entre eux. Il ne s’agit donc pas d’une juxtaposition de deux sons, mais d’une coarticulation qui modifie à la fois le caractère occlusif de la consonne et le caractère spirant de la voyelle, qui perd dans une grande mesure sa valeur constrictive. Il en résulte un nouveau son, qui paraît simple à la grande majorité des locuteurs, et qui se concrétise en plusieurs sous-variantes phonologiques, en fonction des sons qui suivent :
    a) [či], quand c[k] + i sont suivis d’une consonne (circ fr. cirque) ; quand ils sont suivis d’une voyelle hiatus, (cianură fr. cyanure) ; à la fin d’un mot, si i est accentué (a munci fr. travailler) ;
    b) respectivement č (car e et i perdent leur valeur phonétique, se réduisant uniquement à des marques graphiques afin de rendre la valeur palatale affriquée de c[k], une post-palatale occlusive (explosive), quand [či] est suivi par a, o, u dans la même syllabe, en fin de mot, mais sans accentuer le i (trenci, cf. engl. trench);
    c) dans certains mots composés (nicicând, fr. jamais – mot-à-mot « ni-quand »), cf. DOOM3, p. XXX.
    La voyelle i [i]. Bien que nous ayons montré que le phonème de la syllabe onomatopéique a avant tout une valeur graphique, en montrant sa transformation de c en č, il doit être mentionné que dans ce mot, il a aussi sa propre valeur phonologique. En l’absence d’une voyelle, les deux consonnes de la structure de l’onomatopée ne pourraient pas construire une syllabe, c’est-à-dire une unité minimale de son articulé. Comme on le sait, dans les langues indo-européennes, les voyelles sonores peuvent former une syllabe à elles seules, alors qu’aucune consonne (ou groupe de consonnes) ne peut former une syllabe toute seule. D’ailleurs, comme il s’agit de la seule voyelle dans la succession c-i-p, elle porte l’accent sur cette structure monosyllabique. Ainsi, le [i] de cip a une double valeur : 1) simple marque graphique pour la consonne hybride č, 2) voyelle sonore antérieure (d’après la place de l’articulation) fermée (d’après le degré d’aperture).
    De plus, étant porteuse de l’accent syllabique et, en même temps, de l’accent du mot (puisque le mot est monosyllabique), elle donne du relief et de la résonance à l’onomatopée, dans le registre aigu.
    • La consonne p [p] est une occlusive (explosive).
    En conclusion, deux consonnes non-sonantes – l’une affriquée et l’autre explosive – encadrent une voyelle sonore antérieure qui, par son degré de fermeture, place la syllabe dans la zone des sons articulés « agréables », faisant vibrer les cordes vocales pendant une durée suffisamment longue pour être codée lexico-sémantiquement comme un « chant d’oiseau ». La forme triple analysée ici la rapproche de l’onomatopée normalisée par les dictionnaires et les traités de phonétique roumains, cip-cirip. Les trois syllabes justifient l’intonation, le seul changement par rapport à la forme lexicalisée étant l’élimination du r et son remplacement par p et respectivement i dans les deux dernières syllabes.

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