Interjection indiquant un cri de douleur
آى [āī]
Classifications
Phonétique
[ʔāī]
Comment citer cette fiche
MEDJBOUR, L. , (31 mars 2025), "آى [āī]", in OTPS, onomatopées traduction plurilingue surbmorphologie, CAER, Aix-Marseille Université : en ligne :https://otps.univ-amu.fr/onomatopees/%d8%a2%d9%89/Rédaction
Lounis MedjbourAutres rédacteurs
- Modifié le : 04/09/2025 à 16:26
par : Sophie Saffi
Rédacteur/trice : Lounis Medjbour - Modifié le : 14/04/2025 à 12:19
par : Maruszka MEINARD
Rédacteur/trice : Lounis Medjbour - Modifié le : 04/04/2025 à 13:49
par : Sophie Saffi
Rédacteur/trice : Lounis Medjbour
Variations de structures
L’interjection est simple. Cependant, nous avons relevé des variations orthographiques :
- ! آآآى, /āāāī/ : Hergé (Georges Prosper Remi), (1938), Tintin et l’Île Noire في الجزيرة السوداءتان تان traduit en arabe en 2000, Beyrouth (Liban), maison d’édition : Dār al-Maʿārif المعارف دار. Disponible sur : https://books-library.net/free-297233913-download p 14, case 7.
- ! آآى, /āāī/ : Hergé (Georges Prosper Remi), (1938), Tintin et l’Île Noire, الجزيرة السوداءتان في تان , traduit en arabe en 2000, Beyrouth (Liban), maison d’édition : Dār al-Maʿārif المعارف دار . Disponible sur : https://books-library.net/free-297233913-download p 16, case
Examinons ces variations :
- Nombre de lettres :
- “آآآى” : 4 [āāāī ] lettres (avec répétition de la voyelle “آ”[ā]).
- “آآى” : 3 [āāī] lettres (avec répétition de la voyelle “آ”).
- Répétition des voyelles :
- “آآآى” : Répétition de la voyelle “آ” trois fois [āāāī ].
- “آآى” : Répétition de la voyelle “آ” deux fois [āāī ].
En termes de durée d’action, la répétition de la voyelle “آ” trois fois dans “آآآى” [āāāī ] suggère une action prolongée ou une intensité accrue, tandis que la répétition de la voyelle [ʔā] deux fois dans “آآى” [āāī ] peut indiquer une durée d’action modérée. La transcription phonétique de “آ” est /ʔā/. Détail :
- /ʔ/ représente la courte occlusion glottale (comme un petit “coup de glotte”) que l’on entend souvent en arabe avant une voyelle initiale.
- /ā/ est le “a” long.
Donc, “آ” = /ʔā/.
L’interjection “آآآى” [āāāī ] est triple avec une répétition prolongée de la voyelle “آ” / ʔāːːː /, tandis que “آآى” [āāī ] est double avec une répétition modérée de la même voyelle. Ces variations peuvent fournir des indices sur la durée et l’intensité de l’action représentée.
Equivalents dans OTPS
Equivalents
Etymologie
D’après les recherches effectuées, l’interjection ” آى “[āī] en arabe est utilisée pour exprimer la douleur en arabe littéraire « ألم ». Contrairement aux mots traditionnels, elle semble ne pas avoir une origine historique ou littéraire spécifique, étant issue d’une source informelle transmise de génération en génération, principalement par voie orale. Ces onomatopées varient d’une langue à l’autre en raison des différences phonétiques et de la perception culturelle des sons. Ils sont répandus dans de nombreuses langues et cultures, reflétant une réaction naturelle à la douleur ou à un choc soudain, tels que des bruits émis lorsqu’une personne ressent une douleur aiguë, comme après s’être cognée ou blessée accidentellement.
L’existence des bandes dessinées arabes est présentée comme relativement récente, avec l’apparition de plusieurs magazines au début des années 1950, notamment Aṣ-Ṣāḥib (الصاحب) et Dunyā al-Aḥdāth (دنيا الأحداث) au Liban en 1952, ainsi que Sindibād (سندباد) en Égypte la même année. Plusieurs bandes dessinées ont été traduites vers l’arabe. Lamia Khelil (2018), dans ses recherches sur la traduction des onomatopées et interjections, souligne que le traducteur est confronté à plusieurs choix, tels que conserver les onomatopées et interjections telles quelles, les transcrire phonétiquement en arabe, proposer des équivalents ou les supprimer.
En ce qui concerne l’interjection “آى” [āī] en arabe, il est possible qu’elle ait une origine liée au terme “aïe” en français. Sur le dictionnaire en ligne de l’ATILF http://atilf.atilf.fr/ , certains textes mentionnent son apparition en 1473, écrit alors sous différentes formes telles que « aye » ou « aÿ », avec une origine étymologique remontant à la racine latine
Submorphologie
SENS PREMIER DES PHONÈMES
L’onomatopée [āī] (آى) et [ʔāī] selon l’alphabet phonétique international (API), constitue une création sonore particulièrement expressive, utilisée pour imiter un cri de douleur aiguë, un gémissement plaintif ou une exclamation de tristesse profonde. Bien qu’elle soit peu formalisée dans les dictionnaires arabes classiques, elle possède une puissance phonétique évocatrice remarquable. Son articulation débute souvent par un coup de glotte [ʔ], qui marque l’initiation brutale du cri, suivi de la combinaison prolongée de la voyelle longue [ā] et de la semi-voyelle [ī]. Cette séquence donne au son une qualité à la fois tendue, étirée et montante, typique des plaintes humaines.
Sur le plan articulatoire, le coup de glotte initial [ʔ] se produit par une fermeture brève des cordes vocales, créant une occlusion momentanée avant l’éclatement du son. Ce mécanisme ajoute une dimension explosive ou saccadée à l’expression de la douleur. Ensuite, le son ā se réalise par une ouverture large de la bouche, sans obstruction, produisant un flux d’air libre et continu. Ce son grave, associé à une émission vibrante, traduit une base de souffrance. La transition vers [ī], réalisée par un rétrécissement de la cavité buccale, introduit une élévation de la tonalité, renforçant l’impression d’un appel désespéré.
La présence du [ʔ] en initiale (ou parfois en interruption, dans des formes comme [ʔā]) peut accentuer le caractère haché ou urgent de la plainte. La nature glissante du passage de [ā] vers [ī], tout en maintenant une possible réapparition du coup de glotte, donne à l’onomatopée [ʔāī] une dynamique sonore à la fois tendue et expressive : elle combine l’impact initial du [ʔ], la prolongation douloureuse du ā, et la tension ascendante du [ī].
La répétition ou l’allongement de [ʔāī] dans des formes telles que آآآى [ʔāāāī] peut intensifier l’effet dramatique, notamment si le coup de glotte réapparaît pour scander la plainte (ex. : [ʔā-ʔā-ʔī]). Plus le ā est prolongé, plus l’effet de désespoir est marqué avant la résolution perçante du [ī]. Sur le plan référentiel, [ʔāī] est fréquemment associé à des situations de détresse immédiate (blessure, choc, appel à l’aide). Le [ʔ] initial renforce l’idée d’un son involontaire, échappé sous l’effet de la douleur. Dans les arts dramatiques arabes ou la poésie orale, cette onomatopée est d’autant plus efficace qu’elle reproduit les caractéristiques phonétiques d’un cri naturel, où le coup de glotte sert de ponctuation émotionnelle.
Ainsi, [ʔāī] fonctionne comme un outil mimétique puissant, reliant directement l’émetteur et le récepteur par une expérience sonore partagée de la souffrance, renforcée par la rugosité du [ʔ] et la fluidité des voyelles.
PRONONCIATION DES PHONÈMES
L’onomatopée [ʔāī] (آى) représente un archétype des expressions vocales de douleur dans les langues sémitiques. Cette construction phonétique minimaliste combine trois éléments articulatoires distincts qui en font un outil linguistique remarquablement expressif. Son analyse révèle comment la phonétique peut épouser parfaitement l’émotion humaine, transcendant les barrières culturelles par son universalité acoustique. La production de ce son suit une séquence précise débutant par une occlusion glottale [ʔ], où les cordes vocales se ferment brusquement. Ce coup de glotte initial, caractéristique de nombreuses langues sémitiques, crée une rupture sonore qui imite le réflexe respiratoire lors d’une douleur soudaine. Il est suivi d’une voyelle ouverte [aː] produite par une position basse de la langue et une large ouverture buccale, permettant une résonance maximale. La séquence se termine par une semi-voyelle [iː] impliquant un relèvement de la langue vers le palais, créant une montée mélodique caractéristique. La valeur expressive de cette onomatopée réside dans la modulation possible de ses composantes :
- La durée du [aː] varie proportionnellement à l’intensité de la douleur exprimée.
- Le [iː] final peut être répété ([āīī]) pour marquer une douleur aiguë.
- L’occlusion glottale initiale peut être renforcée dans les contextes de surprise extrême.
Cette construction sonore exploite plusieurs principes acoustiques universels :
- L’ouverture buccale large du [aː] évoque l’idée d’expansion et de relâchement.
- La montée vers [iː] reproduit la courbe intonative des gémissements.
- Le contraste entre les phonèmes crée une dynamique tension/détente.
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Commentaires et spécifités

