Onomatopée de pleurs de bébé
OAAAAA
Classifications
Phonétique
[waaa]
Comment citer cette fiche
BARLEA, R. , (14 avril 2025), "OAAAAA", in OTPS, onomatopées traduction plurilingue surbmorphologie, CAER, Aix-Marseille Université : en ligne :https://otps.univ-amu.fr/onomatopees/oaaaaa/Rédaction
Roxana BARLEAAutres rédacteurs
- Modifié le : 14/04/2025 à 13:23
par : Sophie Saffi
Rédacteur/trice : Roxana BARLEA
Variations de structures
Onomatopée simple.
Equivalents dans OTPS
Equivalents
Etymologie
Étant donnée l’histoire très courte et le manque de recherches sur les BD en roumain, nous ne savons pas quand cet item est apparu pour la première fois dans une BD.
Il s’agit d’une interjection conçue dès le départ pour exprimer des états d’âme ou des sentiments humains et, plus rarement, pour reproduire des bruits d’animaux. Dans la forme et le sens de l’extrait de BD analysé ici, elle n’est pas attestée dans le DLR, ni dans les autres dictionnaires de la langue roumaine (qui recensent diverses autres interjections construites avec les mêmes sons o ! ; a ! ; uau, etc.).
Très facile à prononcer et basée sur des voyelles usuelles, oaaa apparaît néanmoins fréquemment dans différents types de textes, avec différentes fonctions. Nous la retrouvons, par exemple, dans certains textes contemporains, pour rendre l’étonnement, l’admiration (cf. Irina Dobriță, https://www.scena9.ro/article/o-vară-de-citit-cărți-pentru-copii).
[On pourrait comparer cet item à ua, dérivé, selon DLR, du grec ouá, qui exprime le mépris. Mais il s’agit en fait d’une onomatopée complétement différente].
En tant que forme, elle est plus proche de l’angl. oaaa « the sound you make before you get down with the sickness », cf. https://www.urbandictionary.com/define.php?term=oaaaa.
Notre avis est qu’il s’agit ici d’un exemple d’universels linguistiques, dans le sens que chaque langue a utilisé cette combinaison [o] + [a répété], afin de former des interjections qui rendent divers états d’âme et sentiments humains.
Submorphologie
[o], voyelle postérieure, comme lieu d’articulation, et médiane, comme degré d’ouverture, apparait fréquemment dans les onomatopées qui rendent les sons produits par les humains et les animaux.
Lorsqu’il est prononcé à l’aide de la glotte, au début d’un mot, comme un « cri de douleur », ce o roumain reçoit une semi-voyelle devant lui, comme beaucoup d’autres voyelles initiales. Celle-ci est entendue, enregistrée sur la machine de laboratoire, mais elle est marquée à l’écrit uniquement dans la transcription phonétique : uo. Cela explique pourquoi nous l’avons translittéré dans le système international sous la forme [waaa].
La voyelle [a] qui ferme la chaîne phonolexicale se situe à l’autre extrémité des sons sans limites physiologiques-fonctionnels. Première de la série des centrales et la seule ouverte, elle résulte de l’action de descendre la langue au fond de la bouche, permettant la plus grande ouverture de l’espace buccal et assurant ainsi l’évacuation complète du flux d’air. De l’espace semi-fermé et limité de [o] à l’espace ouvert et large de [a], cette construction phonétique rend une explosion d’états d’âme.
L’association des deux voyelles confirme les observations des chercheurs selon lesquelles les onomatopées produites par les cordes vocales humaines ou animales sont dominées par les voyelles – dans ce cas il s’agit d’un item composé exclusivement de voyelles. L’association avec le référent « pleurs de bébé » est également justifiée, car au cours de la première année de vie, l’appareil acoustique-phonatoire n’est pas encore bien développé, les premiers sons articulés par un bébé étant des voyelles.
Le son évolue de la voyelle médio-postérieure, o, prononcée à travers les lèvres pincées, avec la bouche partiellement ouverte, à la voyelle antérieure ouverte a, prononcée en ouvrant complètement la bouche. L’air émis par la glotte se répand en se frottant au voile du palais, et la répétition de cette voyelle, la plus ouverte des systèmes phonétiques de nombreuses langues, marque une sortie dans des espaces ouverts. On peut dire que o est le déclencheur, et a l’avertisseur sonore dans la communication du locuteur non parlant (fr. enfant < lat. infans, -tis (< in-for, āri) « celui qui ne parle pas ») avec le monde environnant.
La prégnance des deux voyelles, o et a, explique leur présence dans de nombreuses onomatopées imitatives et même dans les structures à terminaison consonantique des syllabes représentant des onomatopées-échos.
Même si l’attitude exprimée est négative (contrariété causée par la faim, la fatigue, divers autres états d’inconfort chez le bébé), l’item vocalique oaaa représente le signal de « sortie dans le monde », la marque de l’expression de la personnalité de l’émetteur.
Pour en savoir plus
Commentaires et spécifités