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ouah ouah – waf waf

Phonétique

[wa wa]

Exemple 1 : FERRAMOSCA, Ilaria, ABASTANOTTI, Chiara (2022), Lucille, Éditions Paquet, traduit de l’italien par Nathalie Sinagra, page 115, case 5. Exemple 2 : Albert Uderzo, Astérix, https://www.illustrose.com/toile-bd-asterix-deco-idefix-ouah-albert-uderzo.html, consulté le 20/03/2023. Description de l’image : Idéfix, le chien d’Obélix, en position assise, plan rapproché, répond à la question « Idéfix ! Deux plus deux, ça fait combien ? » en aboyant trois fois : « OUAH ! OUAH ! OUAH ! ».

Comment citer cette fiche

Saffi, S.. , (8 juin 2023), "ouah ouah – waf waf", in OTPS, onomatopées traduction plurilingue surbmorphologie, CAER, Aix-Marseille Université : en ligne :https://otps.univ-amu.fr/onomatopees/ouah-ouah/

Rédaction

Sophie Saffi

Autres rédacteurs

  • Maruszka MEINARD
    • Modifié le : 03/04/2024 à 13:13
      par : Sophie Saffi
      Rédacteur/trice : Sophie Saffi
    • Modifié le : 03/04/2024 à 13:08
      par : Sophie Saffi
      Rédacteur/trice : Sophie Saffi
    • Modifié le : 02/04/2024 à 15:17
      par : paliamdesign
      Rédacteur/trice : Sophie Saffi

    L’onomatopée exprime l’aboiement du chien.

    L’onomatopée OUAH employée pour l’aboiement du chien dans une bande dessinée apparaît pour la première fois – dans l’état actuel de nos recherches – dans une planche dessinée par Hergé parue en 1929 dans Le Petit Vingtième, supplément jeunesse du journal belge Le Vingtième Siècle. L’histoire prépubliée dans Le Petit Vingtième du 10 janvier 1929 au 8 mai 1930, paraît en album en septembre 1930. Tintin au pays des Soviets est la deuxième bande dessinée européenne à utiliser uniquement le dessin et les bulles pour raconter une histoire, après Zig et Puce d’Alain Saint-Ogan, parue en 1925. La série Zig et Puce a très certainement servi de modèle à Hergé, jeune débutant qui a rendu visite à Alain Saint-Ogan à Paris en 1931 pour lui demander conseil (Dominique Petitfaux, Encyclopædia Universalis en ligne).

    Variations de structures

    Les onomatopées OUAH, WAOUH, WOUAF, WAF, WIF et WOUF sont souvent doublées ou triplées. Ainsi notre exemple 2 WAF WAF WAF tiré de la traduction française d’une BD italienne (dans la version originale, onomatopée : UFF UUF UFF ; FERRAMOSCA, Ilaria, ABASTANOTTI, Chiara (2022), Lucille degli Acholi, Milano, il castoro, page 113, case 5).

    Une distribution semble être opérée entre les aigus (WIF) et les graves (WOUF), pour les petits chiens (WIF) et les gros chiens (WOUF).

    D’autres formes (OUAF OUAF ; VAF VAF) sont listées sur le site https://fr.wikipedia.org/wiki/Aboiement, consulté le 17/03/2023, mais pour le moment je n’ai pas trouvé ces formes dans une BD.

    Nous avons relevé des variations orthographiques : OUAH [wa] ; WAAAH [wā] ; WAOUH [wau] ; WOUAF [waf] ; WAF [waf] ; WIF [wif]; WOUF [wuf]

    OUAH OUAH : Hergé (1999:7)

    OUAH OUAH OUAH : Albert Uderzo, Astérix, https://www.illustrose.com/toile-bd-asterix-deco-idefix-ouah-albert-uderzo.html, consulté le 20/03/2023.

    WOUAH : Hergé (1999: 58, 126, 127, 130)

    WAAAH : Hergé (1999: 125)

    WOUAF et WOUAH : Jean Roba, Boule et Bill, tome 38 Symphonie en Bill majeur, planche “Barbecue”, https://branchesculture.com/2017/12/02/jean-bastide-christophe-cazenove-interview-boule-et-bill-symphonie-bill-majeur-roba-humour-famille/christophe-cazenove-jean-bastide-boule-et-bill-tome-38-symphonie-en-bill-majeur-barbecue/, consulté le 20/03/2023.

    WAF, WIF et WOUF : Jean Roba, Boule et Bill, planche « Goûter d’anniversaire », 2022 (Édition actuelle), identifiant 5927, https://www.bedetheque.com/serie-5927-BD-Boule-et-Bill-02-Edition-actuelle.html, consulté le 20/03/2023.

    WAF WAF WAF : FERRAMOSCA, Ilaria, ABASTANOTTI, Chiara (2022), Lucille, Éditions Paquet, traduit de l’italien par Nathalie Sinagra, page 115, case 5.

    Equivalents dans OTPS

    هاو هاو [hāw hāw]

    Equivalents

    Allemand : WUFF WUFF ; WAU WAU.
    Anglais : WOOF WOOF ; RUFF RUFF ; ARF ARF (grands chiens et lions de mer) ; YAP YAP ; YIP YIP (petits chiens) ; BOW WOW.
    Arabe littéraire : [hāw hāw] هاو هاو ; [how] هو, هو.
    Basque : AU AU ; TXAU TXAU (petits chiens) ; ZAUNK ZAUNK (grands chiens) ; JAU JAU (vieux chiens)
    Breton : WAOU WAOU
    Bulgare : BAU-BAU (бау-бау) ; JAFF JAFF (джаф-джаф).
    Catalan : BAU BAU ; BUB BUB.
    Chinois (cantonais standard) : WONG WONG (汪汪).
    Coréen : MEONG MEONG (멍멍).
    Espagnol : GUAU-GUAU ; GUA GUA ; JAU JAU.
    Italien : BAU BAU.
    Kabyle (Berbère/Amazigh) : HAW HAW
    Néolatin : BÀU.
    Polonais : HAU HAU.
    Portugais (norme Portugal) : AU AU ; ÃO-ÃO (diphthonge nasale) ; BÉU-BÉU (langage enfantin) ; CAIN-CAIN (gémissement)
    Portugais (norme Brésil) : AU AU.
    Roumain : HAM HAM ; HAU HAU.
    Turc : HEV HEV ; HAV HAV.

    Etymologie

    D’après le Trésor de la langue française informatisé
    (http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=2607041460;), OUAH est, d’une part, une interjection familière synonyme de bah, ouais, d’autre part, une onomatopée relevée dans Flaubert, La tentation de Saint Antoine, 1849, p. 336 (mais que nous n’avons pas retrouvée dans ce texte après vérification).
    D’après Alain Rey (Dictionnaire Le Robert, Paris, éd. de poche en 3 tomes, entrée “aboyer”, tome 1, p. 7 colonne 2, 2006 [1ère éd. 1992]), aboyer est une forme modifiée datant du XVIIe s., de abayer (mil. XIIe s.) qui vient d’une syllabe expressive, onomatopéique, évoquant le cri du chien. Cette forme est baï ou baou, que l’on retrouve dans le radical du verbe latin baubàri et le grec bauzein βαύζειν « aboyer », eux-mêmes issus de la racine indo-européenne bau-. Ce dictionnaire signale également « un second verbe abaier, abayer, du latin batare qui a donné béer (les deux verbes sont distingués par Furetière). Ce verbe a pu interférer par son sens (« avoir la bouche ouverte ») […] [aboyer] est employé au figuré pour « protester bruyamment » (avec confusion entre les deux verbes), puis au XVIe s. « crier très fort » et « annoncer à voix très haute », par métaphore du chien. »
    La question qui se pose est de savoir si les dictionnaires distinguent une onomatopée d’un radical verbal motivé, ce qui ne semble pas le cas. Donc un doute persiste quant à la première apparition : le radical verbal est-il issu de l’onomatopée ou, au contraire, l’onomatopée est-elle issue d’un radical verbal motivé ?
    Lors d’une étude sur les verbes représentant des cris d’animaux (Saffi et alii, 2017), nous avons constaté que tant que la référence directe au bruit du radical onomatopéique est encore perçue, il n’y a pas ou peu de métaphorisation : il semble que les verbes de cris d’animaux servent de relais dans la construction du sens, à partir du moment où le radical du mot n’est plus analysable comme l’onomatopée d’un type de son non articulé et privé de sens (Saffi et alii, 2017 : 33). Dans le cas d’aboyer, le schéma de l’orientation ‘cris d’animaux vers métaphores’ fonctionne car le radical onomatopéique renvoie directement à l’aboiement du chien. Mais dès que l’on quitte le domaine verbal pour le domaine nominal, l’orientation a tendance à s’inverser : pour le substantif fr. aboyeur, l’application à l’humain est première, ce qui est lié sans doute au fait qu’il s’agit du nom d’agent ; pour le déverbal aboi, il a été à ce point démotivé en ce qui concerne l’aboiement du chien, qu’il a été remplacé au sens propre par la forme abayement (fin XIIIe) puis aboiement (au XVIe) et qu’il ne subsiste plus que dans l’emploi métaphorique de l’expression aux abois « à la dernière extrémité » (Saffi et alii, 2017 : 28). Aboyeur (forme qui l’emporte au XVIIe) < abboyeur (XVIe) < abayeur (XIIIe) désigne d’abord une personne qui proteste avec force, puis au XIVe s. (en 1387) un chien qui aboie.
    Concernant les radicaux onomatopéiques, imitatifs ou associés à un son, il faut distinguer, d’une part, les onomatopées représentant exclusivement des cris d’animaux comme bau-, et d’autre part, les radicaux qui imitent un son sans distinction d’émetteur comme les racines indo-européennes bl- et (b)r-g. L’examen des issues de la racine indo-européenne bl- montre que la référence première est la restitution d’un son confus, sourd ou brutal qui est ensuite associé à différents émetteurs parmi lesquels l’humain quand il produit des sons inintelligibles ou un langage brouillé. La racine indo-européenne bl que l’on retrouve en lat. et it. belare et blaterare « bêler » sous des formes différentes ou à des degrés différents (bl, bel < bal, bar), se retrouve aussi, au degré zéro, en grec, dans blechaomai « bêler », blêkhê « bêlement », sous la forme bal, en français dans balbutier dérivé du lat. balbus « bègue » lequel est à rapprocher du sanskrit barbaraḥ « bègue » fabriqué sur la forme bar redoublée comme dans gr. barbaros, lat. barbarus, it. barbaro, etc. L’onomatopée barbar mimerait à l’origine un parler aux sonorités brutales pour ensuite désigner celui qui parle une langue inintelligible, c’est-à-dire, pour les Grecs, qui ne parle pas grec, qui n’est pas muni du logos dans le double sens du terme (langage et raison, donc parole sensée : parole humaine). Les verbes français barrir et italien barrire « crier <éléphant> » viennent du verbe latin barrire, de barrus « éléphant », mot indien latinisé, attesté dans Horace qui pourrait aussi selon Pianigiani avoir pour noyau cette même racine indiquant un bruit sourd. (Saffi et alii, 2017 : 31)

    Submorphologie

    DESCRIPTION API

    [w] : semi-consonne constrictive, dorso-vélaire, sonore, orale, arrondie (bois, Louis)

    [a] : voyelle non arrondie, antérieure, ouverte, orale (patte)

    PRONONCIATION DES PHONÈMES

    Pour prononcer [u] (ou [w]) on ferme presque la bouche, le locuteur sent le flux d’air sortir par une petite ouverture, le dos de la langue se place contre le palais à l’arrière de la bouche. Les lèvres sont projetées en avant et arrondies, ce qui ajoute un volume de résonance supplémentaire. L’espace de la bouche est organisé en fonction du point d’articulation de la voyelle de l’arrière vers l’avant selon le parcours du flux d’air expulsé : plus la voyelle est arrière, plus le locuteur prend conscience de l’intérieur de sa bouche qui sert de résonateur. Cette association est renforcée par l’ajout d’un résonateur au niveau des lèvres.

    Pour prononcer [a], la langue s’abaisse au fond de la bouche, ce qui entraîne le plus grand degré d’ouverture de la bouche, le locuteur sent le flux d’air sortir par la bouche grande ouverte.

    Pour prononcer [f], les dents du haut se positionnent sur la lèvre du bas, un mince filet d’air passe avec un bruit de friction, la lèvre vibre. Le rapprochement des dents et de la lèvre et le resserrement ainsi créé au niveau des lèvres permettent au locuteur de définir un seuil externe de disparition, et le frottement du flux d’air au passage de ce seuil concrétise son dépassement. [f] est une consonne sourde, c’est-à-dire que les cordes vocales ne vibrent pas et l’air ne résonne pas quand il s’échappe, aucun résonateur n’est mobilisé (ni la bouche, ni le nez), c’est pourquoi [f] est associée à un mouvement vers l’avant.

    Pour prononcer [b], les lèvres sont fermées et se touchent, l’air s’accumule derrière les lèvres puis l’air est relâché d’un seul coup. Les cordes vocales vibrent. La fermeture et la réouverture des lèvres permettent au locuteur de définir une position d’extrémité vers l’avant. La sonorité est associée à un mouvement de retour faible car la bouche sert de résonateur. Le locuteur prend conscience de l’intérieur de sa bouche au moment de l’expulsion du flux d’air.

    SENS PREMIER DES PHONÈMES

    La voyelle [u] est associée à la conception d’un espace ponctuel. [u] est associée à l’implication du corps du locuteur.

    La voyelle [a] est associée à la conception d’un espace étendu.

    La combinaison [wawa] est donc associée à l’alternance d’espaces ponctuels et étendus. Sa prononciation correspond en termes de compréhension motrice à l’imitation de la gueule du chien qui s’ouvre et se ferme.

    La consonne [f] est associée à un dépassement auquel s’ajoute le franchissement d’un seuil externe.

    La combinaison [waf] est associée à l’alternance d’espaces ponctuels et étendus complétée par le dépassement et le franchissement d’un seuil externe. Sa prononciation correspond en termes de compréhension motrice à l’ouverture et la fermeture de la gueule du chien auquel s’ajoute la compréhension motrice de l’éjection du flux d’air lors du cri du chien.

    L’aboiement peut varier en fonction de la taille du chien, plus grave si le chien est gros, plus aigu si le chien est petit, ce qui est représenté dans les onomatopées d’aboiement en français par une variation vocalique : wouf, wof, waf, wif. Je renvoie à Peterfalvi (1970) et Nobile (2014) pour les arguments auditifs et proprioceptifs de l’hypothèse selon laquelle le symbolisme phonétique aurait un caractère universel mais non inné, et acquis mais non culturel, dépendant des corrélations habituelles que tout individu peut observer dans la nature entre des phénomènes appartenant à des domaines sensoriels différents : par exemple, la corrélation des timbres auditifs [aigus : graves] avec la vision de corps {petits : grands} ou de lieux {ouverts clairs : fermés sombres}).

    La consonne [b] est associé à un mouvement de sortie vers l’avant et au pointage d’une limite de départ externe, comme pour [p], mais auxquels s’ajoutent des résonances intérieures.

    La combinaison [bau bau] est une solution équivalente mais en miroir de la combinaison [wafwaf] puisque le mouvement vers l’avant précède l’alternance d’espaces étendus et ponctuels.

    Pour en savoir plus

    Onglet Journées d’études > Actes de la JE mai 2023 > Article de Sophie SAFFI :
    SAFFI Sophie (2025), « L’aboiement dans les langues romanes. Approche étymologique et théorique » in S. Pagès (dir), Les onomatopées. Comment joindre le geste phonétique et graphique à la parole, PUP, coll. Langues et Langage, p. 63-80.

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