Onomatopée de l’aboiement du chien
هاو هاو [hāw hāw]
Classifications
Phonétique
[haːw haːw]
Comment citer cette fiche
MEDJBOUR, L. , (1 avril 2025), "هاو هاو [hāw hāw]", in OTPS, onomatopées traduction plurilingue surbmorphologie, CAER, Aix-Marseille Université : en ligne :https://otps.univ-amu.fr/onomatopees/%d9%87%d8%a7%d9%88-%d9%87%d8%a7%d9%88/Rédaction
Lounis MEDJBOURAutres rédacteurs
- Modifié le : 09/04/2025 à 17:03
par : Sophie Saffi
Rédacteur/trice : Lounis MEDJBOUR - Modifié le : 09/04/2025 à 13:55
par : Sophie Saffi
Rédacteur/trice : Lounis MEDJBOUR - Modifié le : 01/04/2025 à 07:54
par : Sophie Saffi
Rédacteur/trice : Lounis MEDJBOUR
Variations de structures
Onomatopées double ou simple avec des variations orthographiques :
هو[hū]: Walt Disney (1971)، Mickey et Donald le malchanceux, traduit en arabe ميكي وبطوط المنحوس. Maison édition : Dār al-Hilāl (دار الهلال), Caire, Egypte. Disponible sur https://books-library.net/free-361172177-download, p. 5, case 1.
هووو هووو[hūūū hūūū] : Hergé (Georges Prosper Remi), (1938), Tintin et l’Île Noire, الجزيرة السوداء تان تان في, traduit en arabe en 2000, Beyrouth (Liban), maison d’édition : Dār al-Maʿārif المعارف دار. Disponible sur : https://books-library.net/free-297233913-download , p. 15, case 12.
Dans nos recherches, nous avons relevé plusieurs occurrences des onomatopées هو [hū] et هاو [hāw], apparaissant avec des variations dans le nombre de lettres. Ces formes, bien qu’élémentaires, semblent porter des indications phonétiques sur la durée et l’intensité de l’action représentée. Voici une segmentation du texte en fonction des onomatopées identifiées :
- “هو” — [hū]
Cette forme simple utilise la voyelle longue “ū” (API : [uː]), correspondant à la lettre و. Elle peut évoquer une action brève, un souffle léger ou une réaction immédiate, comme un petit effort vocal ou une exclamation discrète. - “هووو” — [hūūū] ou [huːːː]
La répétition de la lettre و allonge la voyelle “ū” ([uːːː]), accentuant la prolongation sonore. Cette onomatopée suggère alors une action plus intense ou soutenue, comme un cri, un souffle profond ou une poussée d’énergie. - “هاو هاو” — [hāw hāw]
Composée des voyelles longues “ā” ([aː], issue de la lettre ا) et “w” ([w], semi-voyelle produite par و), cette forme double exprime un rythme régulier, potentiellement intermédiaire en durée et en intensité. La combinaison de [aː] + [w] donne une impression de déploiement vocal ou de signal rythmé, souvent associée à des appels ou des vocalisations d’alerte.
Equivalents dans OTPS
Equivalents
Allemand : WUFF WUFF ; WAU WAU.
Anglais : WOOF WOOF ; RUFF RUFF ; ARF ARF (grands chiens et lions de mer) ; YAP YAP ; YIP YIP (petits chiens) ; BOW WOW.
Breton : WAOU WAOU
Bulgare : BAU-BAU (бау-бау) ; JAFF JAFF (джаф-джаф).
Catalan : BAU BAU ; BUB BUB.
Chinois (cantonais standard) : WONG WONG (汪汪).
Coréen : MEONG MEONG (멍멍).
Espagnol : GUAU-GUAU ; GUA GUA ; JAU JAU.
Français : OUAH OUAH
Italien : BAU BAU
Kabyle (Berbère/Amazigh) : HAW HAW
Néolatin : BÀU
Polonais : HAU HAU
Portugais (norme Portugal) : AU AU ; ÃO-ÃO (diphthonge nasale) ; BÉU-BÉU (langage enfantin) ; CAIN-CAIN (gémissement)
Portugais (norme Brésil) : AU AU
Roumain : HAM HAM ; HAU HAU.
Turc : HEV HEV ; HAV HAV.
Etymologie
D’après nos recherches dans l’encyclopédie arabe, l’onomatopée “هاو هاو” [hāw hāw] en arabe, qui représente l’aboiement d’un chien dans la bande dessinée, ne semble pas avoir une origine historique ou littéraire spécifique, contrairement aux mots traditionnels. Les onomatopées arabes en général ont une origine très informelle et sont transmises de génération en génération principalement par voie orale plutôt que par des écrits académiques spécifiques. Ces sons varient considérablement d’une langue à une autre en raison des différences phonétiques et de la perception culturelle des sons.
L’onomatopée “هاو هاو” [hāw hāw] employée pour l’aboiement du chien dans une bande dessinée apparaît pour la première fois dans l’état actuel de nos recherches dans une planche dessinée par Walt Disney (1971), Mickey et Donald le malchanceux, traduit en arabe ميكي و بطوط المنحوس. Maison édition : Dār al-Hilāl (دار الهلال), Caire, Egypte. Disponible sur https://books-library.net/free-361172177-download, p.2, case 7.
Submorphologie
La lettre ه (hāʾ) en arabe représente une consonne fricative glottale sourde, et non pharyngale comme parfois mal identifié. Sa transcription phonétique est [h]. Ce son est produit par un flux d’air libre passant à travers la glotte sans vibration des cordes vocales, avec une légère friction. La bouche reste neutre, les lèvres généralement relâchées ou légèrement rapprochées, sans articulation marquée dans la cavité buccale.
La lettre أ (alif hamza) lorsqu’elle représente une voyelle longue, correspond au son [ā], soit [aː] en alphabet phonétique international (API). Il s’agit d’une voyelle ouverte postérieure longue, proche du « a » dans car ou father en anglais. Elle est articulée en abaissant la mâchoire inférieure et en ouvrant largement la bouche, ce qui évoque une projection vocale pleine et stable, souvent associée à la notion d’espace sonore large ou prolongé.
La lettre و (wāw) peut jouer un double rôle, en tant que consonne ou voyelle. En tant que consonne, elle correspond au son [w], une semi-voyelle bilabiale vélaire. Elle est produite en arrondissant les lèvres tout en relevant le dos de la langue vers le voile du palais, exactement comme le « w » anglais. En tant que voyelle longue, و correspond au son [ū] ([uː] en API), une voyelle postérieure fermée arrondie, similaire au « ou » français dans fou.
Par exemple :
- Dans وطن (waṭan) → [ˈwɑ.tˤɑn], و est consonne : [w]
- Dans سور (sūr) → [suːr], و est voyelle longue : [uː]
Dans la langue arabe, on distingue trois lettres d’allongement vocalique (حروف المد ḥurūf al-madd) :
- ا (alif) → [aː]
- و (wāw) → [uː]
- ي (yāʾ) → [iː]
Ces lettres ne portent pas de voyelle propre mais prolongent la voyelle précédente, donnant à la syllabe une durée sonore allongée et expressive.
La lettre ه [h], en tant que fricative glottale, est souvent associée à des sons légers, dispersés ou aspirés, ce qui peut symboliser un espace fermé ou resserré, selon le contexte onomatopéique.
En revanche, la lettre ا ([aː]) crée un espace articulatoire ouvert. Elle permet une augmentation du degré d’ouverture buccale, ce qui soutient l’idée d’une éjection vocale ample — comme dans un cri, une exclamation, ou un aboiement.
Enfin, la lettre و [w] dans une séquence comme [hāw] ([haːw]) — forme typique d’une onomatopée canine — reflète une combinaison où :
- [h] évoque un souffle initial ou une activation glottale
- [aː] ouvre la bouche pour l’élan sonore
- [w] ajoute un arrondissement final, donnant au cri une texture prolongée, étalée dans l’espace.
Pour en savoir plus
Commentaires et spécifités
Classification :
En suivant Galperin (1981), qui distingue les onomatopées directes et indirectes (également appelées “onomatopées naturelles” et “onomatopées dérivées”), la représentation de l’aboiement dans les langues chamito-sémitiques, notamment en arabe, se fait par des onomatopées directes. De même, en appliquant la classification de Bredin (1996 : 557-563), qui divise les onomatopées en trois types : directes, associatives et exemplaires, j’ai choisi de considérer l’aboiement dans la langue arabe comme relevant des onomatopées non lexicales. Cependant, ce choix peut être discutable.
Suivant Laing (2014), qui distingue les formes conventionnalisées, avec une structure fixe, et les formes expressives, plus flexibles dans leur illustration du son, les onomatopées d’aboiement seraient conventionnalisées.
Suivant Meinard (2021), ce sont des onomatopées matricielles car elles sont spécifiquement conçues pour imiter un référent sonore. Du point de vue diachronique, selon Meinard, si la première occurrence de l’onomatopée est clairement identifiable comme un néologisme, il s’agit bien d’une onomatopée matricielle, pouvant ensuite se lexicaliser, ou pas. La réalisation phonologique هاو هاو /ha:w ha:w/en arabe évoque au lecteur un aboiement, et l’item n’est pas lexicalisé. Je propose la classification suivante : si on ne prend en compte que l’onomatopée récente en usage dans les bandes dessinées, elle est primaire. Dans son article de 2015, puis dans sa thèse (2021 : 333-337), Meinard argumente une répartition des onomatopées en deux catégories qu’elle dénomme echoic et imitative, en adoptant plusieurs approches.
Du point de vue sémantique, les onomatopées imitatives représentent des cris d’animaux dotés de cordes vocales, les onomatopées écho représentent d’autres types de sons. Cette distinction était déjà proposée par Oswalt (1994), Rhodes (1994) et Körtvélyessy (2020). Il convient de préciser que pour Meinard, l’onomatopée n’est pas une imitation mais un reformatage, ce n’est pas l’onomatopée qui imite mais le locuteur (Meinard, 2021 : 318,319).
Dans une perspective sémiotique : la prononciation de l’onomatopée imitative est une reproduction directe du référent (un son émis par les cordes vocales humaines reproduisant un cri émis par les cordes vocales d’un animal), alors que la prononciation de l’onomatopée écho est une reproduction indirecte des bruits du monde, ce qui implique un effort plus poussé dans l’acte d’imitation (Assaneo, Nichols et Trevisan, 2011 : 4). Avec une onomatopée imitative, le locuteur expose le référent en l’imitant, au lieu de le désigner (Meinard, 2021 : 336). Avec une onomatopée écho, le locuteur désigne le référent.
